- Accueil
- Lutte ouvrière n°2968
- Hôpital – Le Kremlin-Bicêtre : après un féminicide
Dans les entreprises
Hôpital – Le Kremlin-Bicêtre : après un féminicide
Après l’assassinat d’une aide-soignante par son mari, également aide-soignant dans l’établissement, l’accablement et la colère s’expriment dans les discussions à l’hôpital Bicêtre, dans le Val-de- Marne.

Céline est morte sous les coups de son mari le 9 mai à son domicile, laissant derrière elle deux filles de 12 et 15 ans. Elle était militante à la CGT, connue et appréciée pour sa bonne humeur et son attention aux autres. Dès le surlendemain de son assassinat, beaucoup de ses camarades et de ses collègues ont participé à un rassemblement dans le quartier de banlieue où elle habitait. Ils étaient encore plus nombreux à ses obsèques et à la marche blanche qui a suivi.
À l’hôpital Bicêtre, la direction s’est contentée de proposer deux créneaux d’entretien avec un psychologue. Une manière de clore le sujet, comme s’il s’était agi seulement d’une tragédie de la vie privée à discuter individuellement. Pourtant, entre collègues, hommes ou femmes, les discussions reflètent le choc ressenti. Les plus proches se demandent pourquoi ils n’ont rien vu venir, que ce soit de la part de Céline ou en côtoyant son mari, car on apprend qu’elle avait déjà subi des violences conjugales. Si certains s’en tiennent à l’idée d’un drame privé, d’autres rappellent que ce n’est pas un cas isolé. Une collègue mentionne ainsi avoir subi des violences pendant cinq ans. Un autre rappelle que sa propre sœur a été tuée par son compagnon il y a des années.
Ce féminicide, comme tant d’autres, est le produit d’une société qui tolère la violence masculine parce qu’elle entretient l’idée qu’une femme appartient à son conjoint. C’est une oppression qui pèse dans le monde du travail, qui gâche le peu de temps et de moyens disponibles qui restent à la vie affective, amoureuse et familiale après le travail. Les préjugés qui justifient la hiérarchie sociale et les rapports de domination pèsent sur les travailleurs jusque dans leur vie personnelle. Il n’est pas besoin d’être un monstre pour exercer cette violence : ce sont des comportements qu’une société sexiste autorise, excuse ou encourage.
Les violences contre des femmes sont un problème collectif, dont il faut se préoccuper à l’intérieur même des entreprises, entre collègues, femmes et hommes. L’enjeu est énorme, tant pour les femmes et pour leurs enfants que pour l’ensemble des travailleurs.