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Leur société
Après le meurtre de Nogent : qui fabrique la violence ?
Mardi 10 juin, Mélanie Grapinet, assistante d’éducation de 31 ans dans un collège de Nogent, en Haute-Marne, a été frappée de plusieurs coups de couteau à la gorge par un élève. Elle a succombé à ses blessures.
Le drame s’est produit à 8 heures, à l’occasion d’une opération de fouille des élèves par la gendarmerie. C’était la seconde opération de ce type organisée depuis février. L’élève en question qui est en troisième et devait passer en seconde est présenté comme « sans histoire », même s’il avait été exclu temporairement de l’établissement en début d’année scolaire. Tout cela semblait dépassé.
Depuis le drame, les responsables politiques ont enchaîné les déclarations à l’emporte-pièce. En mal de propositions, François Bayrou a proposé d’expérimenter l’utilisation de portiques de sécurité devant les établissements scolaires et Emmanuel Macron l’interdiction de la vente de couteaux aux mineurs. Le Pen et les députés RN de Haute-Marne y sont allés de leur couplet contre « une société du laxisme ».
Cette agitation médiatique masque mal l’impuissance des responsables politiques et de l’administration devant la montée de la violence. Macron et les autres mettent en cause les réseaux sociaux qui diffusent à longueur de journée des images violentes, de guerre et de pornographie, et aboliraient ainsi le sens moral de la jeunesse. Mais les réseaux en question sont une activité commerciale très lucrative et même portée aux nues par tous les dirigeants de ce monde. Les multimilliardaires qui en sont propriétaires refusent évidemment tout contrôle sur les contenus et se moquent des conséquences éventuelles.
Surtout, réseaux sociaux ou pas, contrôle ou pas, personne, pas même un gamin de quinze ans d’un petit collège tranquille, n’est à l’abri de la folie du monde, de l’anxiété, de la panique sociale.
La responsabilité des Macron, Retailleau, Le Pen et autres n’est pas seulement morale, au sens où c’est leur monde du tous contre tous qui enfante cette violence et ces drames. Ils sont aussi responsables directement, par leurs décisions politiques.
Les économies dans l’Éducation nationale, le fait qu’il n’y ait pas assez d’adultes pour encadrer les jeunes, font que les élèves qui dérivent ne sont pas repérés à temps et encore moins pris en charge. La même politique d’économies dans les services sociaux, la psychiatrie, la médecine scolaire, contribue au même résultat. Cette politique criminelle, le mot n’est pas trop fort après un drame comme celui de Nogent, est volontaire, décidée, votée et appliquée par les gouvernements successifs et les députés, y compris ceux qui crient au laxisme.
Ainsi, dans la même région, il y a quelques semaines, une mobilisation a eu lieu au lycée Roosevelt, à Reims, dans un climat marqué par des agressions physiques et sexuelles. Les élèves et enseignants mobilisés ne demandaient pas des portiques, mais plus d’adultes et des portes de toilettes qui ferment.
Le jour du drame, les infirmières, assistantes sociales et psychologues scolaires manifestaient à Paris pour exiger les moyens de travailler. Cela n’empêche pas la même ministre qui leur coupe les moyens de venir ensuite assurer le personnel du collège de Nogent de son soutien !
Les travailleurs, ceux de l’éducation et tous les autres, en se battant pour leurs conditions de vie, en mettant en avant l’intérêt collectif, font plus pour combattre cette absurde violence, ne serait-ce qu’en montrant un espoir, que tous les défenseurs de l’ordre social réunis.